« Deux choses m’intéressaient au départ, expliquait Mark Blandford au Devoir, lors de la première diffusion de la série, en 1978. Tout d’abord j’avais constaté que la télévision canadienne n’avait jamais tenté de faire une émission dramatique nous montrant le fonctionnement du pouvoir de l’intérieur. Et je pensais qu’il était important qu’on puisse le voir, cet exercice du pouvoir à partir des coulisses, de l’intérieur même. D’autre part, j’ai toujours été fasciné par cette constance que l’on semble retrouver dans la carrière de tous les grands hommes politiques, et c’est qu’ils passent tous par une période de rejet. Cela est vrai pour Churchill, pour de Gaulle, pour Nixon… et naturellement pour Duplessis. Chacun a eu à traverser son désert. Et cette période est très importante pour chacun de ces hommes parce que ça leur permet de réfléchir et de se redéfinir par rapport au pouvoir. (...) Il s’agit d’une œuvre dramatique, rappelait alors Blandford. On n’a donc pas essayé de tracer ici le portrait définitif de Maurice Duplessis. On n’a pas voulu être didactique. Ce n’est pas un procès ou une apologie de Duplessis. Ce qu’on a recherché, c’est relancer le débat sur l’homme et le politicien et cela, en présentant des épisodes de sa vie qui, d’un point de vue strictement dramatique, était aussi complète que possible ».
« Le « Duplessis » que les téléspectateurs de Radio-Canada ont vu ces dernières semaines est un truculent Symphorien politique où l’imagination, l’exagération, l’omission et un message séparatiste à peine déguisé ont constitué un vivant spectacle qui contenait (inévitablement, tout de même) des éléments d’authenticité mais qu’on aurait dû présenter, en toute honnêteté, comme une… belle histoire, une adaptation fantaisiste de la vie de l’ancien premier ministre québécois [1]»
« En effet, dans la sixième émission présentée le 15 mars 1978, on nous montre Duplessis devant son Cabinet voulant obtenir pour la province de Québec, le droit de prélever directement un impôt sur le revenu. Dans ce passage, Duplessis affirme que s’il n’est pas capable de s’entendre avec Ottawa, le Québec laissera la confédération pour continuer seul comme état indépendant. ; créant ainsi l’impression qu’il était séparatiste. Rien ne saurait être plus loin de la vérité.[2] »
Les proches de Duplessis volent également au secours du clergé, qu'ils estiment bafoué:
« Il me faut malheureusement déplorer avec énergie ce qui paraît une constance sous-jacente à la série sous forme d’un parti-pris net d’hostilité à l’Église du Québec. Sous le couvert d’une certaine rigueur historique, on en présente une image caricaturale soit dans les personnages soit dans la sélection visiblement très consciente des faits qui illustrent les caractéristiques du régime. Ainsi, on a ignoré la grève d’Asbestos et l’engagement connu de plusieurs membres du clergé en faveur des mineurs. On a présenté le cardinal Villeneuve sous les traits d’un intelligent opportuniste. La présentation de Monseigneur Cabana, encore vivant d’ailleurs, a pris la forme d’une mesquinerie qui évacue le rôle historique réel de cet Archevêque de Sherbrooke.[3] »
Enfin, ce groupe de détracteurs, composé d'une soixantaine de personnes, dont le père Jésuite Jacques Cousineau, l’historien Robert Rumilly, le romancier Victor Barbeau et l’animateur radio Yvon Dupuis, porté par Me Roger Deshaie, décida de porter plainte auprès du Conseil de la Radiodiffusion et des télécommunications Canadiennes (CRTC) afin d'empêcher la rediffusion, la traduction en anglais et l’exportation de la série.
« Monsieur le président du CRTC, Etant parvenu à la retraite, j’ai vécu à l’âge adulte l’époque qui a fait le sujet de la série « Duplessis » et je crois de mon devoir de protester contre l’attitude de Radio-Canada et de dénoncer les méthodes que cette société utilise pour présenter des énormités en prétendant qu’il s’agit de « faits historiques ». (…) Ce n’est pas possible ici de relever la masse des faussetés, des extravagances, des demi-vérités, des insinuations, des sous-entendus étalés devant le public qui avait été fortement engagé à suivre la série en affichant qu’on devait rapporter des « faits historiques ». (…) On pourrait multiplier les exemples de faits tronqués et de profils douteux tout au cours de cette série. La population n’investit pas ses deniers pour supporter une philosophie échafaudée sur des principes aussi scabreux et c’est pourquoi, au nom de l’histoire que Radio-Canada a mise de l’avant dans sa publicité pour la tripatouiller ensuite, votre Conseil devrait intervenir sur l’ensemble de cette production et obtenir que Radio-Canada fasse les rectifications qui s’imposent afin de remettre à leur place les « faits historiques » et leur donner leur vraie couleur. Autrement l’arrogance de cette société d’État finira par ne plus avoir de bornes. Il semble qu’il appartient à votre Conseil de voir à ce que justice soit rendue à l’histoire, et ce par des moyens efficaces auxquels vous pouvez sans doute avoir recours. »
Le CRTC se désolidarisa finalement de cette requête. Et la série fut rediffusée plusieurs fois à la télévision.
Résumé des épisodes:
1er épisode: Les comptes publics (1936)
Nous assistons ici à la dénonciation du gouvernement libéral que dirige Alexandre Taschereau par Maurice Duplessis, alors membre de l'opposition et chef des Conservateurs. Nous retrouvons aussi Paul Gouin, chef de l'Action libérale nationale. les textes de cette émission constituent quasiment le mot à mot de ce qui s'est vraiment dit à l'assemblée législative.
2ème épisode: L'Union nationale (1939)
Dans cet épisode, Duplessis fonde le parti de l'Union Nationale. Une alliance est faite entre le parti de l'Action libérale nationale, formé d'anciens Libéraux, et le parti Conservateur que dirige Duplessis. mais Duplessis ne veut pas partager le pouvoir et, à la veille des élections, il s'arrange pour éliminer les personnes encombrantes.
3ème épisode: l'échec (1939)
Nous nous retrouvons trois ans après la première victoire de l'Union nationale et à la veille de la déclaration de la deuxième guerre mondiale. les discours des politiciens qui font leur campagne électorale nous font connaître les principaux événements de cette période. C'est à ce moment-là que nous découvrons la complicité qui existe entre l'Église et l'État.
4ème épisode: La retraite (1942)
Nous voyons dans cette émission le premier ministre de la province, Adélard Godbout, rendre visite à Duplessis qui est hospitalisé. Cette année coïncide également avec l'arrivée de Louis Saint-Laurent sur la scène fédérale. les nombreuses conversations auxquelles nous assistons relèvent clairement les pratiques politiques de l'époque.
5ème épisode: Le pouvoir (1948)
Nous découvrons ici le quotidien de Duplessis. A travers les problèmes syndicaux, entre autres, nous voyons quelques-uns des moyens que Duplessis utilisait pour arriver à ses fins. Nous assistons également à une séance de l'Assemblée législative et à la présentation du drapeau québécois.
6ème épisode: Herr Kanzler Duplessis (1952)
Cet épisode se déroule au moment de la grève de Louiseville où Duplessis ne craint pas l'utilisation de moyens illégaux (qu'il prend soin de légaliser) pour liquider ses adversaires. Nous comprenons aussi comment Mgr Charbonneau a été éliminé et exilé. daniel Johnson fait aussi son apparition en tant que jeune député.
7ème épisode: La fin (1959)
Duplessis fait ici une sorte de bilan et lors d'une longue conversation avec Martineau, il nous fait part de ce qui s'est accompli au Québec en 25 ans. C'est la dernière fois que cet homme énigmatique nous livre ses impressions.
Source: dossier de presse - Cinémathèque québécoise
La série est disponible au visionnement à la Cinémathèque québécoise
[1] Dufresne, Yves, « Duplessis, message indépendantiste de 1.25 millions de dollars », Journal de Montréal, Montréal, 21 mars 1978.
[2] Gaudreault, Amédée, « Duplessis, ce n’était pas ça » Dossier de presse, Cinémathèque québécoise.
[3] Fortier, Jean-Marie, « présentation sous une forme de mesquinerie », La Tribune, 17 mars 1978, p. 18.
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