Les fils de la liberté

Genre: Biographie historique

Langue: Français

Format: 55 min.

Épisodes: 6

Diffusion: 11 janvier au 15 février 1982

Budget: 3.5 M$

Réalisation: Claude Boissol

Scénario: Claude Boissol et Louis Caron, d'après une idée originale de Louis Caron

Production: Antenne 2 (France), Interimage-Radio Québec (Canada)

Producteur: Jean Lebel et Nicole Godin (Interimage)

Image: Roger Moride

Montage: Michel Arcand

Musique: Claude Léveillée et Alain Leroux

Costumes: Michèle Hamel

Décors: Jocelyn Joly

Interprétation: Charles Binamé (Hyacinthe) / Jean-Jacques Blanchet (Michel Bellerose) / Roger Blay (Le major Hubert) / Charlotte Boisjoli (La mère Bellerose) / Reynald Bouchard (Jacquot) / Nathalie Breuer (Flavie) / Sophie Faucher (Marie-Moitié) / Eleonore Hirt (Madame Plessis) / Philippe Laudenbach (Le notaire J.M. Plessis) / Denise Morelle (Dame Morel)

Les fils de la liberté est né de la volonté de Claude Barma de mettre en oeuvre une coproduction franco-québécoise. Finalement, l'idée proposée par Louis Caron, un poète et romancier québécois, de faire un feuilleton sur la révolte des paysans canadien français contre l'autorité anglaise fut retenue. Contacté pour en assurer la réalisation, Claude Boissol accepta. Il écrivit le scénario avec Louis Caron qui devait ensuite en tirer un roman, commença la préparation du feuilleton qui se déroulait sur quatre saisons, de l'hiver à l'automne, puis il le tourna en grande partie dans la vallée de Rawdon avec une équipe entièrement québécoise, comme la plupart des comédiens, puisque seuls Éléonore Hirt et Philippe Laudenbach étaient français.

L’anthropologue-historien Robert-Lionel Séguin a supervisé les recherches, mais on insiste sur le fait que c’est une dramatique construite autour d’un héro imaginaire. Louis Carron souligne que son récit ne s’occupe pas de reproduire des évènements historiques connus : « j’ai voulu plutôt montrer les germes de l’Histoire dans le cadre restreint d’un petit village[1] ». Au cours de ses recherches, Louis Caron a découvert dans l’histoire des petits villages de la région de Nicolet des personnalités qui ont joué un rôle local important en rapport avec les grands événements de cette époque. Le village du film devient donc une espèce de microcosme où l’on retrouve, à l’échelle réduite, tous les éléments qui s’opposaient dans la « grande » histoire. Le village où se déroule l’action n’est pas nommé. Mais il pourrait se situer sur les bords du Saint-Laurent dans la région de Nicolet. Si le personnage principal sort de l’imagination de l’auteur, la plupart des autres protagonistes ont des modèles nicolétains.

L'histoire

Le Bas-Canada au XIXème siècle, dans les années 30. 550.000 Canadiens français se partagent ce territoire avec 150.000 Anglais qui se comportent toujours comme de véritables conquérants. Gardant pour eux les terres cultivables du bord du Saint-Laurent, tandis que les Canadiens sont obligés de se réfugier dans l'arrière-pays où ils s'approprient des terres appartenant à la Couronne d'Angleterre. La tension monte. À la même époque, en France, en Grèce, en Belgique et en Amérique du Sud, naît un grand mouvement de libération favorable à la souveraineté des peuples. Au Bas-Canada, ce mouvement sera celui des patriotes, les fils de la liberté, qui lutteront pour l'indépendance, malgré le froid, la famine et le choléra.

Un dimanche d'été, dans un village, Hyacinthe Bellerose et Flavie Piché se marient à la gaumine, c'est-à-dire durant la consécration de la messe, devant Dieu, sans le consentement des parents et sans même prévenir le curé. De ce fait, ils viennent de se mettre au ban de tout le village et vont s'installer dans l'arrière-pays. Ils défrichent, labourent, cultivent. Malgré la dureté de leur vie, ils semblent avoir trouvé le bonheur. Flavie attend un enfant qu'elle va perdre. Le couple adopte Tim, un petit Irlandais de cinq ans. Puis, un beau jour, on vient leur annoncer que la terre qu'ils occupent a été vendue par la Couronne d'Angleterre à une grande société, la Bristish American Land. Ils doivent partir au printemps. Flavie meurt avant, terrassée par le choléra. Hyacinthe retourne dans son village avec Tim et sa femme morte.

Touchée par la peine qui accable leur fils, la famille de Hyacinthe l'héberge. La famille est pauvre, au bord de la misère, et Hyacinthe ne peut même pas l'aider, tant il est marqué par la mort de sa femme et n'a plus d'intérêt à rien. À l'été, son père le chasse. Pour les villageois, il devient alors le "berluseau", ami d'un groupe de vagabonds qu'on appelle les contremaîtres inutiles. Il a confié Tim à Marie-Moitié, une métisse. Bientôt, il arrive à trouver du travail: garçon d'écurie à l'auberge de le Dame Morel... Le village est de plus en plus divisé en deux camps. D'un côté, le notaire Plessis, représentant les intérêts du seigneur anglais et donc de l'autorité régnante alliée à l'Église, et de l'autre, le major Hubert, député à la chambre d'Assemblée, qui essaie de regrouper autour de lui les opposants au régime en place.

Hyavinthe rencontre à l'auberge le major Hubert et accepte de partir récupérer le bois du major jeté à la rivière par le marchand anglais Smith. Le notaire Plesse prévient Hyacinthe que son geste est politique et dangereux et lui annonce que le curé Mailloux a profité de son absence pour enlever Tim, sous prétexte d'en faire un bon chrétien. Fou de rage, Hyacinthe retourne au village, insulte le curé et, avec l'aide de Marie-Moitié, part à la recherche de son fils adoptif. des élections sont annoncées. Le marchand Smith persuade le notaire Plessis de se présenter contre le major Hubert. Hyacinthe va rentrer dans le jeu politique en témoignant publiquement en faveur du major. Cet incident a lieu lors de la fête annuelle donnée au manoir en l'honneur des censitaires venus payer leur redevance (eux seuls ont le droit de vote).

Marie-Moitié demande à Hyacinthe de l'épouser, mais devant son refus elle le chasse. Il part vers le nord du pays et s'engage dans un camp de bûcherons où il travaille plusieurs semaines. C'est un incident provoqué par la venue d'un nouveau bûcheron qui secoue Hyacinthe. Il réalise soudain son amour pour Marie-Moitié et revient vers elle, au risque de perdre sa vie dans la descente des rapides en canoë. Pendant son absence, plusieurs familles et aussi ses parents ont été dépossédées de leur maison pour n'avoir pas pu payer  leur redevance. Révolté, Hyacinthe décide de distribuer les biens de ses parents à tout le village et réunit un groupe d'hommes qui prêtent le serment des "fils de la liberté"; ils partent au rendez-vous fixé par les patriotes du Bas-Canada et leurs alliés américains. Mais la petite troupe est seule au rendez-vous, les chefs de la rébellion, dont le major Hubert, ayant dû s'enfuir aux États-Unis. Au loin, un village brûle, incendié par les Anglais. Hyacinthe recueille les femmes et les enfants et décide de les ramener chez lui.

Après avoir ordonné à ses hommes de se cacher dans les bois, Hyacinthe rentre au village avec les femmes et les enfants. Pendant son absence, le gouverneur a ordonné l'expulsion de tous les patriotes et de leurs familles. Marie-Moitié et Tim ont donc été chassés de leur maison. Ce sont des immigrés irlandais qu'on a mis à leur place. Hyacinthe, furieux, se rend au manoir en compagnie du notaire Plessis qui n'approuve pas ces mesures. Ils tentent de plaider leur cause auprès du seigneur Cantlie.

Hyacinthe est enfermé avec les autres patriotes qui ont participé au soulèvement de 1837. Son procès débute; tout l'incrimine. C'est bien lui qui commandait les hommes qu'on a trouvés dans l'église  du village. Et lui seul était en position de tirer le coup de feu qui a abattu le notaire Plessis qui s'avançait pour parlementer avec les villageois. Marie-Moitié reçoit cependant une confidence: c'est le cordonnier qui a tiré pour assouvir sa rancune. Elle l'entraîne au procès pour témoigner.

Sources:

BAUDOU, Jacques, SCHLERET, Jean-Jacques, Les feuilletons historiques de la télévision française, Paris, Éditions Huitième Art, 1992, p. 161-162.

Dossier de presse - Cinémathèque québécoise

[1] Lord, René, « Une histoire de Louis Caron devient une série télévisée », The nouvelliste, Trois-Rivières, 30 août 1980.